22 -Javier Perez – In Situ –
Pour l’artiste plasticien, présenter son travail est toujours un moment douloureux. Nécessité et plaisir de le montrer certes, mais pas n’importe comment, ni n’importe où. Pour l’artiste, l’adéquation de son oeuvre avec l’espace qui va la recevoir est rarement satisfaisante.
Les lieux communément associés à l’art, galeries ou musées et centres d’art, sans doute parce qu’ils sont avant tout dédiés à la vente dans le premier cas, à la culture et à l’éducation dans le deuxième, ne sont que très rarement les meilleurs lieux de délectation. Dans la majorité des accrochages, chaque tableau, élément d’un sous-ensemble classé et daté, au sein d’un ensemble plus vaste, est forcément contaminé par ce qui le précède ou le suit. Appariements et comparaisons s’imposent d’emblée. L’oeuvre en tant qu’organisme unique , y meurt. L’essentiel : l’émotion, est un plus qui advient rarement.
C’est presque toujours par surprise, dans des lieux a priori sans lien avec l’art contemporain, que l’on découvre la création qui va nous retenir, nous émouvoir, nous bouleverser. Parce que le lieu et l’oeuvre renvoient à un même champ, sont porteurs de sens et de charges émotionnelles proches. La « pièce rapportée » vient donc s’ inscrire tout naturellement dans un écrin qui lui (re)donne vie. C’est le cas du Musée de la Chasse et de la Nature (cf blog 22 ), c’est le cas de l’abbaye de Gellone à Saint- Guilhem le Désert.
Albâtre. 68 x 64 x 15 cm
59 têtes de morts en résine de polyester teintée en noir. Chaîne en fer.
Corona, 2011
Verre de Murano, tissu, fer forgé .
Mais ici, dans ce lieu de pèlerinages, la couronne d’épines présentée sur son coussin luxueux très codifié devient relique sacrée et pôle de dévotions, parce qu’en d’autres points de l’édifice se trouvent déjà la relique de Saint Guilhem et surtout celle d’un morceau de la Vraie Croix.