39 – N.Hattom + S.Sleman .Venise 17.
« Archaic ». Pavillon de l’Irak.
A l’entrée une très longue vitrine présente de tous petits objets de l’époque néolithique (en terre, pierre sculptée, métal ou verre; des objets usuels , des jouets, des ocarinas, des sceaux-cylindres, des déesses de la fécondité . Ils témoignent des préoccupations humaines d’alors, dans cette région : l’eau, la terre, la chasse, l’écriture, la musique, les dieux, la frontière, les conflits et l’exode. Neuf thèmes pour neuf artistes.
J’en retiendrai 2, les deux femmes du groupe ( ce qui me semble important vu le pays considéré) et parce que leur travail est tourné vers un futur positif.
Nadine HATTOM ( née en 1980 à Bagdad. Vit et travaille à Berlin)
Appartenant à la communauté mandéenne, groupe ethnique religieux du sud de la Mésopotamie, elle cherche une identité, des racines, des souvenirs, dans les incessants déplacements d’un groupe condamné à un perpétuel exil. Elle s’exprime par montages photographiques , de courts textes et parfois des ajouts d’objets.
Elle ne parle en fait que de construction possible de la personne, même dans et par l’errance.
Le texte de la photo dit : « 1957,Halfayed, Iraq. Voici notre grand-mère portant notre oncle Saad (âgé de 1 an) près de notre oncle Nazar ( âgé de 7 ans) dans notre hutte de terre. Saad était si beau et si blond que nous l’avions bâptisé « Kennedy ». C’est notre grand-père qui a pris cette vue avec son appareil photo » .
Bien sûr, il n’y a personne sur la photo en noir et blanc.
Sakar SLEMAN , née en 1979 , est kurde . Elle vit en Irak à Sulaymaniya
Inspirée par le Land Art, ses interventions prennent la forme de grands signes spiralés, posés sur le sol. Utilisant des briques blanches et pures, portant parfois les noms de femmes Kurdes et Yazidis violées ou torturées, elle installe à flanc de colline des cercles, des croissants de lune, des serpents se mordant la queue, symboles du cycle menstruel et de la fécondité de la Terre.
Elle ne parle que de l’évidente Renaissance.
Un extrait du texte d’introduction du catalogue :
« Archaic c’est l’état de l’Irak d’aujourd’hui, dans ses institutions vieillotes, son isolationnisme bureaucratique, et ses institutions culturelles dilapidées.
Archaic c’est le pays si enchâssé dans ses artefacts archéologiques qu’il n’est même plus capable de protéger ou d’endiguer les attaques de ses cent mille sites.
Archaic c’est la vision occidentale de l' »autre », celle d’un pays dévasté par la guerre, qu’il est plus facile de voir ainsi qu’autrement :
Archaic c’est l’approche des arts visuels avec d’un côté l’accablant héritage du passé , de l’autre l’extrême pauvreté du présent… »
« La route vers l’Archaïque » (extrait par T Chalabi- Liban et P Colombo- Turquie, organisateurs)