20 – La Langocha – Graphicha

C’est certainement la partie la plus fascinante de Parapluycha: une véritable écriture imaginée par André Mimiague qui est le seul aujourd’hui à l’écrire, à la faire évoluer et à la pérenniser grâce à des méthodes explicatives, une grammaire  et un dictionnaire.

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La langocha se compose de caractères appelés colégrams et dont le « dessin » emprunte essentiellement à la graphie norvégienne,  à l’art M’Buti des Pygmées,  à la calligraphie chinoise et à l’art moderne (Klee, Miro, Kandinsky…)


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Il existe trois sortes de colégrams :
– des phonogrammes (signes traduisant des sons )
–  des idéogrammes (signes illustrant des concepts, des idées). Parmi eux, existent des idéogrammes intraduisibles, ( signes illustrant des concepts spécifiques de Parapluycha) comme la « bourinette ».
– des index ou exposants ( à placer près des colégrams).  Certains sont destinés à nuancer ou renforcer le sens, d’autres à changer le substantif en verbe ou à préciser le temps du verbe…), chaque colégram se complexifiant par agglutination, fusion et oxymores…

Exemples d’idéogrammes :
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De gauche à droite : OBJET – JOUR – PIERRE – ABSTRACTION – INFORMATION

Exemples d’index :

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La bunule (mini-bulle ou micro-lune) connote un contenu mental ou onirique – Le colibri évoque le charme de ce qui est petit ou furtif – A la tilde est liée une notion d’approximation – La koki est le va et vient, le flux et le reflux de la mer, le maelström.

Exemples d’idéogrammes indexés :

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Objet + approximation -> »bidule ».       Jour + furtif-> point du jour.
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Information + approximation -> Rumeur   Pierre + rêve -> Pierre de rêve

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Abstraction + mental+ maelstrom -> peinture abstraite tourmentée (genre Pollock )

Les exemples ci-dessus ne permettront pas, bien évidemment,  de devenir un lecteur éclairé  de la langocha, mais peut-être de saisir partiellement les trouvailles graphiques, le côté sérieux et ludique à la fois,  l’état d’esprit sous-jacent, et la portée poético-philosophique, les catégories du réel, du fantasmatique, de la raison et du non sens étant interchangeables.
Un bon exemple est à  trouver dans la Bourinette, colégram spécifique de Parapluycha et qui véhicule les bavardages ambiants, les découpages de la vie et du monde par le lexique dominant  et dont il est impérarif de se jouer pour ne pas en être le misérable jouet.

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19 – Parapluycha

Février 1966.
Aux Beaux-Arts de Bordeaux, ou plutôt au café « Chez Auguste », où se réunit le groupe des « profs », André Mimiague ( cf blog 21A), Pierre Chaveau et Alain Tartas créent « Parapluycha« , encouragés par l’enthousiasme et la sympathie attentive des autres.
La même année les frères Georges et André Mimiague  sont remarqués par André Breton qui les  recommande aux surréalistes parisiens et les rencontrera jusqu’à sa mort; soit à Paris, rue Fontaine, soit dans le Lot à Saint Cirq Lapopie.

L’activité graphique des membres de Parapluycha est intense : dans les loges, dans les chambres , ou au café entre les tasses… activité individuelle ou collective car il n’était pas rare de réaliser un dessin à deux, à trois ou quatre, voire davantage !

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« Les éléments de base  sont les minuscules graphies machinales, les puces essentielles de la machinerie imaginante. Ce sont les planctons de l’océan artistique; phytoplanctons ou zooplanctons : des producteurs ou capteurs d’énergie. Ils s’articulent, s’organisent entre eux, tissent des réseaux sans fin… et sur n’importe quel support, coin de carnet, ticket, bout de carton, et pourquoi pas papier dessin ou toile ? Et le stylo à bille vaut ben le crayon, ou le pinceau la plume ! » AM.

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Les dramimages procèdent du même principe : de petits rectangles de forme semblable (arrière-plans flous, détails secondaires, bouts de dessins, rebuts iconiques découpés dans des magazines) créent des sortes de romans-photos par associations de formes, de couleurs et de significations. Des rapprochements à la Magritte ou du type des Merz de Schwitters. Les Dramimages sont comme dit André « le ciné du pauvre » , des photo-montages sans caméra.

La langocha : Parapluycha c’est aussi la mise au point progressive d’une magnifique écriture ; la graphicha langocha (voir blog 21C).

Appartenir à Parapluycha impliquait certaines formules de ralliement, comme  « Hou par-exemplement », certaines postures, la plus célèbre (volée au Cheshire cat d’Alice) étant le sourire parapluycha  : « oblique sourire à observer face à tout être normal ». AM.

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Parapluycha, dans le sillage de Dada et du Surréalisme,  va se  manifester en expositions, improvisations scéniques et performances à Bordeaux et dans ses environs d’abord;  à Paris et Nanterre ensuite, après la nomination d’André Mimiague en région parisienne.  Les « bordelais » retrouvent  régulièrement le groupe surréaliste parisien au café « La promenade de Vénus », et participent aux expositions et publications.

La dernière manifestation sera la participation à l’exposition « Le Collage Surréaliste » en 1978 à la galerie Le Triskèle à Paris.

Archives personnelles :

1 – 2  : Manifestation à La Roche Chalais : exposition et improvisations scéniques.
3 et 4 : Happening et installation sur un toit d’immeuble à Bordeaux. Février 68


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18 – André Mimiague peintre haïkiste

 

André  Mimiague se définit  comme  peintre haïkiste.
Il nomme ses créations 
« Haïcouleurs » et explique : « Sous le pinceau il me faut de ces constructions incertaines de débris amassés par le vent »

 

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HAÏKU

L’espace qu’ouvre l’unique appel au loin d’une mouette :
Le haïku.
Oui le haïku est espace…
Il fut une époque ( au Japon ) où les haïku se présentaient
comme   instants  de  cheminements  et  ponctuaient  des
récits de voyages.
                                     le haïku
                               un petit caillou
                                  de chemin

Chou-bijou, caillou-haïkou, genou-hibou, joujou-pou.
Micropoème. Poésie cocasse. Poésie-voyage…
P
référer à la prolifération continue hugolienne, l’humour
d
e KiKaKu ! Au bavardage de l’inconscient ayant rompu la
digue, l’énigmatique lueur du lacunaire de la phrase  « qui
cognait à la vitre »  ( Breton ). 
Aux grandes machineries
picturales, le minimalisme du…  HAÏCOULEUR !

HAÏCOULEUR ?

                Boue sur buffle
        ou plaine enchignonnée
              le pinceau hésitant.

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HaÏcouleur ?
Saisie picturale de la musicalité d’un instant…
Ouverture éclair sur l’immensité intime…
Lumière d’un ailleurs de l’ordinaire…
D’une émotion l’amorce de l’éclosion…
Ce qui dans quelques traces…

 

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Les trois haÏcouleurs présentés ci-dessus sont des peintures acryliques sur toile.
Dimensions 81/65 cm

Les Beaux-Arts de Bordeaux , à partir des  années  60 , ont accueilli quelques étudiants destinés au professorat d’Arts Plastiques et qui, d’une année sur l’autre, dépassaient rarement la douzaine. Admis à préparer cette formation directement « par correspondance » avec la seule école officielle : Claude Bernard à Paris, leurs travaux partaient tous les quinze jours par courriers postaux et revenaient corrigés par le même canal ; ils « montaient » à Paris pour quelques regroupements trimestriels et pour les examens de fin d’année.
Si ces étudiants avaient choisi une option aussi particulière et contraignante c’est qu’elle permettait à chacun de suivre parallèlement, et « à la carte », la formation artistique à laquelle il aspirait . Les avantages subsidiaires étaient la grande émulation créative et les amitiés très fortes liées au petit nombre, obligés qu’ils étaient de se « serrer les coudes » dans l’espace spécifique et intime qui leur était dévolu : quelques loges adjacentes dans les combles.
De ce fait , tous par la suite ont mené de pair professorat et activité créatrice. André Mimiague faisait partie de ce groupe.

C’est là que Parapluycha a vu le jour (voir blog 21b)

André Mimiague est né à Biarritz en 1943. Après la période bordelaise il est nommé à Paris. Il finira sa carrière de professeur à Nice.  Avec sa femme Madeleine, également issue des Beaux-Arts de Bordeaux, ils vont beaucoup voyager dans le Grand Nord, en Chine, en Asie du Sud Est, en Afrique…
Les textes en gris sont de lui.

 

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17 – Danielle Coquoz photographe

  Danielle Coquoz a nommé son blog « Photocipède et Touche à tout ». On n’est donc pas surpris que son travail « parte dans tous les sens »,  manipule librement tous les genres, ne se prenne pas au sérieux et  privilégie l’humour.

Chaque  série évolue  au rythme de ses humeurs et de ses déplacements . Tantôt chronique  sociale, tantôt  billet d’humeur… ou d’humour, parfois envolée surréaliste, recherche plasticienne…  Le plus souvent journal de voyage. Encore que la qualité des images et la teneur des sujets abordés dépassent largement le genre.

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En 2009 une première série (« Signes sur route ») est présentée à Istanbul : des raccords sur sols goudronnés forment d’étranges pictogrammes,  dessinant l’alphabet des effets conjugués des changements atmosphériques et des équipes de travaux publics…
Il semble par ailleurs évident que la figure humaine a le plus souvent influencé la prise et le cadrage. On retrouve la même préoccupation dans deux séries plus récentes : « Paris Bitume » et « Il a neigé sur la lune ? »

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Fenêtres sur Prague

Ce que j’aime  avant tout dans les images de Danielle Coquoz , c’est la charge d’humanité.  Qu’elles soient figuratives ou jouant avec l’abstraction, et même vides de personnages : paysages de nuit, champ, fenêtre, village endormi sous la neige … , l’oeil glissera toujours mentalement vers un « hors-champ » où retrouver l’humain : une lumière allumée, un outil oublié, une ombre, un objet …, des traces d’une activité passée à reconstruire ou d’un futur à imaginer….

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Mais le plus souvent l’humain est bien là, source inépuisable de curiosité . Lui ou ses avatars, une tache, un reflet , un mannequin, une icône…  L’ oeil toujours critique, jamais méchant , va capter  les situations cocasses, les petits et gros travers, que 25 ans passés au CICR,  au coeur de l’horreur et des conflits armés, n’ont pas réussi à oblitérer.

Sans doute  cette expérience a-t-elle apporté la distance utile évitant larmoiement et sensationnel, mais aussi la détermination à présenter tous types de sujets sans hiérarchie dans le traitement.

SurleBateau2Blog: Les TRansat du FerRy (souvenir d’été)

 

Danielle Coquoz travaille à Paris. Son atelier se trouve  dans la jolie cour des Shadocks. Et je  peux affirmer qu’elle en perpétue joliment l’esprit. Pour la série ci-dessus, elle aurait pu prendre à son compte une de leurs citations célèbres :  » Dans la marine, il faut saluer tout ce qui bouge et peindre le reste ».

 

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16 – Pascal Mouisset – « Wild thing »

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La question du  paysage et de sa représentation aujourd’hui.
Pascal Mouisset ,  nourri comme tous les peintres de sa génération  de Land art, de Concept et d’Installations, apporte une réponse originale et complexe, riche d’ouvertures sur de nouveaux  champs formels.
Sa peinture  est une plongée dans les profondeurs de l’Histoire, quand la nature était menaçante, les hommes sauvages et gouvernés par la peur.  Mais ce n’est pas une peinture qui décrit ou représente.

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Déjà de 2006 à 2009 dans la série d’acryliques regroupée sous le titre « Décor, berges du Tarn », il y avait volonté allusive et retenue dans la transcription des formes- couleurs:

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le regard pouvait choisir de s’arrêter sur un point-accroche ou de vagabonder d’une image à l’autre car déjà, de l’une à l’autre, plusieurs temps, plusieurs focales, plusieurs angles de vue alternaient. On savait juste que l’on était dans l’herbe d’un pré ou au bord d’une rivière … mais avec l’oeil fixe de celui qui est parti dans ses rêves et n’accommode déjà plus vraiment.

Aujourd’hui les dispositifs sont beaucoup plus ambitieux. La vision n’est plus frontale. Ou plus seulement. On entre dans le paysage. Physiquement. Il nous enveloppe immédiatement et nous sollicite de toutes parts.
On est d’abord dérouté par la complexité de chaque création: des  tableaux … nombreux souvent ,  de tailles et formats différents, certains verticaux accrochés aux murs, ou en avancée sur structures en bois, d’autres posés au sol, ou surélevés sur des socles. Mais aussi parfois des éléments symboliques (  tas de terre, cendres, bûches de bois…) , des écritures,   des structures mobilières basiques, une bande son…

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On peut opter pour l’ Installation plasticienne, le décor de théâtre, le sas expérimental de décompression, ou même l’espace ludique pour future séance de  psychodrame…
car ces caissons sensoriels et mentaux fonctionnent à la façon des planches de tests de Personnalité: les formes imprécises, les clairs-obscurs, les passages du chaud au froid, de l’ombre à la lumière, la perte des repères traditionnels obligent chacun à projeter « sa » lecture.

Pascal Mouisset est  graphiste-illustrateur et plasticien.
Il vit et travaille en Midi-Pyrénées.

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